Oscar Zeta Acosta : Le bison brun

Le bison brun Oscar Zeta Acosta a disparu des plaines américaines

Certaines disparitions viennent alimenter les mythes. Les troupeaux de bisons ne parcourent plus les plaines, exterminés par la civilisation de l’homme blanc. L’ombre du puritain à l’épi de maïs hante encore l’Amérique de son ombre monstrueuse et grandiose, et cela n’est pas un mal. Il est des ombres plus modestes, plus fulgurantes. Celle d’Oscar Acosta est de celle-ci.

Oscar Zeta Acosta disparaît au Mexique en 1974. Circonstances obscures, même si des rumeurs font état de trafic de « neige blanche ». D’autres encore l’imaginent parcourant les états sud-américains ayant revêtu l’habit de révolutionnaire libérateur de peuples opprimés. 

Mais le fait est que depuis 1974 les indices sont maigres et la trace du bison semble s’être à jamais résorbée dans la poussière des plaines.

Oscar Zeta Acosta est né le 8 avril 1935 à El Paso, au Texas, et a grandi à Riverbank, petit village rural près de Modesto, en Californie. Qu'est-il donc possible de lui reprocher ? De ses actes, actions et excès, il ne cherchait rien à dissimuler se mettant à nu malgré les risques. Il a d'ailleurs toujours tout confessé avec une simplicité et une modestie désarmante à la mesure de son excentricité totalement démesurée. 

Avocat de la cause Chicano

Avocat de la « cause Chicano », militant, terroriste, en guerre contre l’injustice, la pauvreté, l’esprit d’Oscar Acosta n’était pas capable de se plier aux compromis, en guerre permanente contre tout, tout ce qui n’était pas bon, selon lui ! Il croisa Hunter Thomson avec lequel il fit un bout de chemin. Mais leurs visions et leurs aspirations étaient foncièrement différentes malgré leur respect réciproque.

Hunter définit magnifiquement son ami le Dr Gonzo lors de son départ sur l’aérodrome : “ One of God's own prototypes. A high-powered mutant of some kind never even considered for mass production. Too weird to live, and too rare to die.”

“ Un des prototypes personnels de Dieu. Un mutant à l’énergie dense dont la production de masse n’est pas envisageable. Trop étrange pour vivre et trop rare pour mourir. ”

Orateur charismatique, il se lança en 1970 dans la course à l'élection de shérif du comté de Los Angeles, sans succès, mais il bouscula les codes et fit trembler l’establishment. Pas mal pour un petit avocaillon ayant obtenu un diplôme au rabais en suivant des cours du soir. 

Le Dr Gonzo de Las Vegas Parano

Hunter Thompson, venu couvrir la mort de Ruben Salazar (1), retrouva Oscar Acosta à Los Angeles. La pression sur chacun des deux hommes était lourde et l’atmosphère d’émeute trop éprouvante, c’est certainement cela qui les entraîna dans une folle virée à Las Vegas, virée qui devait symboliquement clore un cycle pour Hunter, comme il l’expliqua si bien dans son roman « Las Vegas Parano ». Le rêve des Sixties avait été une chimère, il s’était éteint et de l’espoir, de l’utopie il ne restait rien, c’était la redescente, la gueule de bois carabinée pour toute une génération qui s’était laissée abuser. Et le plus dur, pour cette génération, était de devoir apprendre à vivre en regardant les abuseurs en face. Les promesses d’un monde meilleur disparaissaient brutalement. Oscar restera à jamais le Dr Gonzo et l’alter ego de Thompson dans le roman… 

“There he goes. One of God's own prototypes.

A high-powered mutant of some kind never even considered for mass production.

Too weird to live, and too rare to die.”

H.S.Thompson

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